A l’aplomb du temps

Un point cherche l’aplomb au rebord du temps.

 

Ce serait l’histoire de cette jeune femme assise là tout à l’heure qui mangeait un énorme sandwich aussi large que sa taille était fine, un casse-croûte de terrassier, ou l’histoire de la femme qui n’a pas encore pu assister à l’opéra, à la Scala de Milan, où l’attendaient pourtant des places réservées, la première fois parce que son amant a eu une rage de dent, la deuxième fois parce que son père est mort. Etrange, non ?

Ce serait l’histoire de l’œil qui décrirait tous les paysages, les visages parcourus, les eaux pleurées et leurs pourquoi, les couleurs reflétées dans l’iris, les moucherons évités, les grains déposés par le marchand de sable sur le bord de la paupière, tous les mascarats posés et les coquetteries envoyées du bout des cils.

Ce serait l’histoire d’un œil heureux qui n’aurait pas croisé d’ecchymoses. Ce serait l’histoire d’un œil heureux qui vieillirait cependant emportant la vision des soleils lacustres des Venises dorées après l’averse, des toits parisiens bleuis par le froid et les larmes des aimés qu’il serait l’heure de quitter. Ce serait la fin de l’histoire de l’œil heureux.

Faut-il développer ? l’histoire de la main, de l’oreille, de la bouche, du sexe qui… que…. Ce serait l’histoire du crayon qui rendrait à la page tous les mots qu’ils aurait surpris….


 

Qu’est-ce que le XXème siècle demande le philosophe ?


Le temps est une matière textile dans laquelle il est possible de marquer une trace, quelque mot, le souvenir d’une histoire, une parcelle de sens, un signe qu’on adresse


L’humour est un courant d’air entre les mots et les choses. Qu’on empêche l’aération par quelque morceau d’étouppe – Dieu, le Peuple, le Marché, etc – (rayez les mentions inutiles) et l’asphyxie menace.


Ici ou ailleurs