Le Badiou

Sur ce drap, quelques phrases extraites du séminaire « Images du temps présent » donné par le philosophe Alain Badiou de 2001 à 2004, à l’Ecole Normale Supérieure, Paris.

Très court extrait.

L’intégralité de ce cours (et de beaucoup d’autres) a été transcrite et disponible sur internet.


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« L’art, c’est quoi ? L’art, c’est un instrument de combat contre l’impératif « Vis sans idée ». Parce que l’art, pour autant qu’il existe, c’est toujours la mise en fiction de ce que c’est qu’une vie sous l’idée. Tout art, toute fiction artistique montre que la vie peut s’exposer à l’idée. L’art montre en fiction ce qu’est la vie sans idée aussi. C’est la fonction critique, mais il le fait sur l’horizon de la possibilité de la vie sous l’idée. Même quand l’art traite de la question de la douleur du monde, dans son éclairage interne, c’est toujours la virtualité ou la possibilité d’une vie qui serait sous l’idée, sous la pensée et par conséquent une vie sans douleur. L’art, c’est toujours à la fin des fins, une fiction de béatitude, même s’il est absolument pessimiste. Il n’y a d’art que de la joie. C’est pour ça que tout le monde aime l’art. Quand on lit une histoire absolument sinistre qui fait pleurer, qu’est-ce qui est l’art là-dedans ? Ce n’est pas le réalisme ou la transposition de la douleur, c’est que la douleur elle-même est éclairée ou relevée de l’intérieur, dans la figure de la possibilité de la joie. L’art, c’est la lumière de la joie, vraiment, en tant que tel et quel que soit le propos narratif qui est le sien. Il faut garder cette vocation de l’art contre ce qui serait une vision exagérément critique de l’art selon laquelle l’art serait le démontage critique de l’univers contemporain. Aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de critique. Tout le monde est capable de critiquer sauf les propagandistes chargés d’en faire l’éloge, n’importe qui dans la rue sait qu’aujourd’hui est abominable, il peut même vous dire pourquoi. La critique d’une certaine façon ne fait que prendre le pli de la dissolution, d’une autre manière. Ce n’est pas de critique que nous avons besoin, c’est d’affirmation. C’est de ce que nous sommes capables d’affirmer qu’il est question. »

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